Detalh del manuscrit de la Cançon de Santa Fe
Un article de la revista La Cigalo Narbouneso del mes d'abril de 1927 (pagina 49). Autor : P. Albarel. L'ortografia del tèxt es estada corregida.
La Cançon de Santa Fe d'Agen
La Cançon de Santa Fe d'Agen es un dels pus ancians monuments de nòstra lenga miègjornala que remonta al mitan del sègle XI.
La primièra mencion d'aquel poèma se trapa dins un libre del sègle XVI, de Claude Fauchet : Recueil de l'origine de la langue et poésie françoise, ryme et roman (París, 1581). Claude Fauchet ne dona qualques vèrses que Raynouard a mesis dins son libre : Choix des Poésies originales des Troubadours, en 1817. Es en 1901 que lo manuscrit siaguèt descobèrt per M. lo doctor Leite de Vasconcellos, conservador de la Bibliotèca Nacionala de Lisbona, dins la Biblotèca de l'Universitat de Leyde. M. Antòni Thomas, de París, a estudiat aquela cançon e n'a donat una edicion amb traduccion francesa1. M. Ernest Hoepffner, professor a l'Universitat de Strasborg, en collaboracion amb M. P. Alfaric, ven de ne faire un novèl estudi que sarà complèt dins dos gròsses volums dont, pel moment, lo primièr sol a espelit2.
Se ne parlam dins la Cigalo Narbouneso es d'abòrd qu'aquel ancian monument de nòstra lenga merita d'èsser conegut e apuèi que pertòca nòstre país de pròche car tant M. Thomas que M. Hoepffner pretendon que l'autor d'aquel poèma debiá èsser narbonés. Es nòstre dever de faire conéisser çò que pòt enaurar nòstre país dont lo passat es tan bèl e de glorificar un tant illustre davancièr.
Lo pèma se compausa de 595 vèrses de uèch sillabas, divisats, d'après M. Thomas, en 49 tiradas monorimas. L'autor i raconta la vida de Santa Fe d'Agen, filha del senhor de la vila. Es martirizada pel governaire Dacian que la fa cremar dins un grand fuòc, mas lo fuòc es atudat per una àngel ; Dacian asimat de colèra i fa copar lo cap. Pus tard, après las persecucions, lo còrs siaguèt transportat a Concas per Sant Dulcido.
Farem pas un estudi detalhat de la Cançon, remandam per aquò los legeires als libres qu'avèm citats. Donarem simplament çò que dison M. Thomas e M. Hoepffner a prepaus de l'autor.
Aicí çó que dis M. Thomas :
« L'auteur ne nous a pas fait connaître directement sa patrie. La façon dont il parle d'Agen, berceau de Sainte Foi (v. 34 e s.) et de Conque, d'où le culte de la sainte a rayonné sur la chrétienté (v. 455), nous invite à ne voir en lui ni un Agenais, ni un Rouergat. Les mentions qu'il fait du pays des Basques, de l'Aragon et de la contrée des Gascons (tir. III) ; de l'Espagne et des monts de Cerdagne (tir. XII), ainsi que du Val-d'Aran qu'il croit (a tort d'ailleurs) habité par les Basques, montrent qu'il a des accointances plus ou moins étroites avec las région des Pyrénées.
« L'étude de sa langue permet d'apporter de nouveaux éléments à ces constatations préliminaires. Elle exclut toute localisation dans la partie septentrionale du domaine de la langue d'oc qui confine à celui de la langue d'oïl, et nous oblige à chercher sa patrie dans la partie centrale et méridionale. La Gascogne tout entière est également exclue, et l'on sait que linguistiquement, elle déborde, au Sud-Est, la rive gauche de la Garonne, et s'étend non seulement sur le Val-d'Aran, mais sur l'ancien diocèse de Comminges (partie méridionale de la Haute-Garonne) et sur l'ancien diocèse de Saint Girons (partie occidentale de l'Ariège). Par suite la Chanson ne peut avoir été composée, comme est porté à le croire Pio Rayna, ni dans le comté de Comminges, ni dans le Val-d'Aran. On ne peut donc prendre en considération que le Languedoc, la Provence, le Quercy et le Rousillon.
« Des traits linguistiques que nous avons passés en revue, trois doivent être retenus, comme pouvant, par leur coexistence en une certaine region, nous permettre de choisir : le maintient à la finale, du n dit instable, les 3e pers. plur. en an fidèles au type latin ant et les 1res sing. (de l'ind.) e du futur en ei (au lieu du ai primitif). Désignons-les, dans l'ordre où nous venons de les énummérer, par A, B, C. Le Quercy, qui n'en offre aucun, et la Provence, qui possède A et B mais non C, sont exclus. Le Rousillons connaît les formes verbales en ei, mais, dès le XIe siècle, comme en Catalogne, elles sont le plus souvent réduite à e ; ce fait, joint à la chute du n instable, oblige aussi à écarter le Roussillon. Il ne reste donc que le Languedoc, province dont la grande étandue ne va pas, comme on le sait, sans une grande variété linguistique. P. Meyer y a signalé le trait C (inconnu dans le Gard et dans l'Hérault) comme "habituel" dans la Haute-Loire, le Tarn, le Tarn-et-Garonne, le nord de la Haute-Garonne et l'Aude. La Haute-Loire ne peut être retennue ici, car elle fait partie du domaine septentrional que nous avons écarté plus haut. Le même trait se trouve aussi, le plus souvent, dans la plus ancienne charte du Gévaudan (Lozère), qui remonte à 1109 ; mais comme dans ce document an (trait B) es remplacé par on, le Gévaudan (qui est d'ailleurs, pour la plus grande part, du domaine septentrional) ne peut être mis en cause. Si les chartes du Tarn, du Tarn-et-Garonne et du nord de la Haute-Garonne offrent le trait C, elles ne connaissent pas le trait A (maintien du n instable). Nous sommes donc réduit à l'Aude, où d'après les conclusions de P. Meyer, on trouve concurremment, dans les documents les plus anciens de Narbonne, la reunion des trois traits linguitiques envisagés.
En définitive, c'est dans l'Aude, région de Narbonne, que je place la patrie de l'auteur de la Chanson de Sainte Foi. Mais je le fais, bien entendu, sous toutes réserves. »
M. Hoepffner, après aver discutat longament sus la patria de l'autor de la Cançon arriva a aicesta conclusion : « La langue dans laquelle elle est écrite n'en reste pas moins celle de la région narbonnaise, peut être plus exactement celle qui était parlée entre Narbonne et les Pyrénées. »
P. Albarel
Nòtas :
1 La Chanson de Sainte Foi d'Agen. poème provençal du XIème siècle, édité d'après le manuscrit de Leyde, avec fac-similé, traducion, notes et glossaire. Paris, Librairie Ancienne Edouard Champion éditeur, 5, quai Malaquais. 1925.
2 La Chanson de Sainte Foi d'Agen. Tome 1er Fac-similé du manuscrit et texte critique. Introduction et commentaire philologique. Société d'édition ; Les belles Lettres 95 Boulevard Raspail. Paris VIème. 1926.